

Une année anniversaire pour le Roquefort
À 100 ans, l’appellation Roquefort veut donner un coup de jeune au « roi des fromages »
Première appellation d’origine fromagère créée en 1925, le Roquefort fait face aujourd’hui à un enjeu de taille : s’offrir une nouvelle image auprès des consommateurs, alors que les ventes reculent depuis plusieurs années.
Sur le Salon de l’agriculture à Paris, les représentants de l’AOP Roquefort font découvrir ou redécouvrir leur fromage. MATHIEU PATTIER, OUEST FRANCE
C’est un fromage emblématique, à la pâte persillée et au goût atypique. Un fromage très ancien (il en est fait mention dès le XIe siècle), qui fête en 2025 les 100 ans de son appellation d’origine, ancêtre des AOP. Le roquefort, produit à partir de lait cru de brebis lacaune, veut continuer à séduire les consommateurs. Avec un message : « Ce n’est pas parce qu’il a cent ans qu’il est trop vieux. »
Car depuis quelques années, les temps sont plus durs pour les 2 500 éleveurs et 1 360 fermes qui fournissent le précieux lait de brebis, dans l’Aveyron et quelques communes de départements limitrophes. Depuis le Covid, puis la crise inflationniste, la consommation de roquefort recule de 3 à 4 % chaque année. Entre 2013 et 2023, elle a chuté de 15 %.
« Outre le respect d’un savoir-faire, c’est un enjeu économique énorme, avec environ 5 000 emplois directs », précise Jérôme Faramond, éleveur de brebis et président de l’association des producteurs de lait de brebis pour Roquefort. En plus des agriculteurs, la filière emploie en effet de nombreuses personnes en Aveyron, dans les sept maisons qui produisent le fromage. Un marché largement dominé par la marque Société, propriété du groupe Lactalis, qui concentre 70 % de la production.
Une image à rajeunir
Lors de sa création en 1925, l’appellation d’origine Roquefort était la toute première créée en France pour un produit alimentaire. « Elle est le fruit d’une démarche collective, d’un dynamisme pour se défendre à l’époque face aux tentatives de copie. On doit aujourd’hui s’appuyer sur cette force », estime Jérôme Faramond.
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Avec un enjeu, de taille : rajeunir l’image du produit, qualifié de « roi des fromages » par Diderot et d’Alembert. Les défenseurs du roquefort veulent d’abord montrer qu’il n’a pas sa place que sur un plateau de fromages, mais qu’il peut aussi se cuisiner de plusieurs façons : en gaspacho, dans un burger, avec des pâtes…
Ils espèrent surtout toucher un autre public, les nouvelles générations qui délaissent largement le produit. « Historiquement, le consommateur, c’est l’homme du sud de la France de plus de soixante ans. On a un vrai défi pour changer cette image », constate Anne-Sophie Callens, responsable de la communication pour la Confédération générale du Roquefort. Toute l’année, la filière va donc profiter des cent ans de l’appellation pour communiquer sur différents supports, diffuser des fiches recettes, etc. Bref, se faire voir et faire parler d’elle.
« Le roi des fromages invite le président »
Les 7 et 8 juin 2025, au village de Roquefort-sur-Soulzon, où le fromage est affiné dans des caves, ce centenaire sera officiellement célébré. Samedi 22 février 2025, à l’occasion du passage d’Emmanuel Macron sur leur stand au Salon de l’agriculture, les membres de la Confédération ont lancé une invitation officielle. « Il nous a répondu que son agenda ne lui permettra pas d’être présent. Le roi des fromages qui accueille le Président, c’était pourtant pas mal », sourit Jérôme Faramond.
Pour conserver ce statut royal auprès des Français, le roquefort, troisième AOP fromagère en volume (derrière le comté et le reblochon), a un énorme défi à relever.